86• William LAPERRIÈRE, sculptures, dessins, poèmes
William, l’homme des bois.
Les arbres sont la mémoire d’un lieu et de l’histoire unique d’un espace habité par les humains.
William LAPERRIÈRE le sait si bien qu’il collecte des arbres abattus et les sauve des flammes ou de l’abandon aux parasites pour explorer leurs matières, leurs couleurs et leurs fibres. Avec patience, il joue de leurs cernes pour extraire la lumière dont ils ont bénéficié pour se développer. Avec intelligence, il suit le fil pour explorer leur mémoire des minéraux qui l'ont nourri comme celle des outrages du temps qui ont pu provoquer sa fin. Avec sensibilité, il écoute la musique que produit le vent dans leur houppier. Avec discernement, il choisit les ramures pour équilibrer les volumes de sa composition…
Chaque titre restitue la mémoire de l’arbre et du lieu comme la réflexion du sculpteur pendant que sa main fourrage la matière bois. Tout y passe l’écorce, le liber, le cambium, l’aubier, le duramen qu’il fouille jusqu’à en extraire la moelle.
Le bois ne se donne pas, il est acteur de sa transformation avec le sens de ses fibres qui résistent aux ciseaux et aux gouges, la mémoire des vents qui l’ont torsadé, et même celle des intrus qu’il a absorbé pour continuer à se développer.
Le sculpteur, lui, est un démiurge, il choisit ce qui reste et élimine ce qui disparait,
Alors nait l’œuvre et s’engage l’échange avec celui qui reçoit ce reste qui flotte dans l’espace et la lumière que l’artiste fait circuler à travers ce qui était une sentinelle muette à la mémoire pleine comme du bois…
Bruno BRET
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