Christine Crozat procède par relevé ou récolte : fragments de toutes sortes qui questionnent l’homme dans son rapport au monde. Dans ses oeuvres récentes, l’artiste présente plusieurs panneaux de circulation, images immédiates auxquelles s’ajoutent de multiples parasitages, collages d'affichettes et dégradations provisoires. Christine Crozat dessine ces objets complexes et les recompose en des jeux de transparences et de surimpressions. Son regard interroge l'ordinaire de notre monde. Il nous provoque, nous inquiète et nous fait sourire.
Alors que les nouveaux réalistes, en exposant des fragments urbains, proposaient une confrontation brutale à l'espace du musée, de la galerie ou de l'intérieur domestique, Christine Crozat travaille sur différentes profondeurs, différentes épaisseurs. A partir de l’image élémentaire du pictogramme, signe qui se veut en dehors du temps, elle livre un regard historique sur la ville en dévoilant quelques-uns des nombreux messages que les citadins laissent par strates successives. Sur l'image impersonnelle du pictogramme, elle s'amuse à faire surgir les signatures, les marques singulières, les éléments d’une gamme graphique que les passants tentent d'imposer à notre vue. La mise en valeur ou l’effacement de tout ou partie de l’environnement urbain donne à voir un fragment, un instant de cette vie de la ville qu'elle parcourt. Le dessin souvent très noir prend une intensité particulière par son support, un papier très fin. La vigueur du dessin et l'apparente fragilité du papier matérialisent l'opposition entre ce qui persiste et ce qui est éphémère.
Christine Crozat, de nationalité française et suisse, vit et travaille entre Lyon et Paris. Plasticienne, elle pratique aussi bien le dessin, l’estampe, la sculpture et la vidéo avec Pierre Thomé. Cette exposition a été organisée en résonance avec la Biennale d’art contemporain de Lyon.