L’exposition“ Têtes et visages‘, fait écho aux autres expositions qui se tiennent actuellement à Chambéry sur le thème du portrait dans l’art contemporain.
Le portrait a traversé toutes les périodes de l’histoire de l’art. Que ce soit l’autoportrait, le portrait hyperréaliste, le portrait transformé ou imaginé, il représente l’effigie du sensible. Pour les trois artistes réunis la figure humaine est un sujet récurrent dans leur travail.
Philippe Cognée (né en 1957, vit et travaille à Nantes) présente une série d ‘autoportraits récents. La peinture à l’encaustique modifiée sur sa surface par la chaleur dont use l’artiste est une technique picturale radicale.Elle est traitée comme une peau. Tantôt lisse et brillante, tantôt rugueuse et mate .Ecrasements, écoulements déforment les contours jusqu’à faire parfois disparaître la figure. L’artiste, après les séries d’appareils électroménagers et des sanitaires, des paysages, vue urbaines et foules, revient régulièrement à l’autoportrait. Il souligne : “L’autoportrait est pour moi peut-être le sujet le plus troublant. C’est un sujet qui, à l’inverse des villes, ne m’offre aucune espèce de grille sur laquelle me caler. Il est tout naturellement advenu parce que je travaille toujours sur les opposés et qu’il est exactement non seulement à l’opposé du sujet des villes mais aussi de celui des foules. Elles sont le collectif, il est l’intime. Elles sont structurées et multiples, il est unique et organique. C’est un sujet qui pose d’autres questions dont le sens échappe à la pensée … ”.
Daniel Schlier ( né en 1960, vit et travaille à Strasbourg) appartient à cette génération d’artistes français, qui depuis plus de quinze ans, utilise les moyens techniques du dessin et de la peinture afin d’approfondir et de construire une vision du monde particulièrement originale. La dernière série de peintures de Daniel Schlier reprend la forme originelle de la représentation humaine telle qu’elle était inaugurée par la série des 50 têtes regardant à gauche et à droite (dont deux oeuvres sont présentées ici) : La figure humaine comme champ d’expérimentations formelles et symboliques. Pourtant dans ces nouveaux travaux aucun élément symbolique qui vient faire “résonner” ces têtes sur un autre ton. Tout se joue à l’intérieur de la peinture et de sa mise en oeuvre. Petit format à taille humaine, fond monochrome et concentration du “travail” sur la chair et les yeux. Ces différents éléments ne visent pas à se fondre dans le but unique de “représenter” mais se battent entre eux afin de garder chacun leur espace comme autant d’acteurs sur la scène du tableau. Ces travaux réalisés au pastel directement sur toile viennent perturber la perception très “dixhuitièmiste” que l’on a de cette technique. Portraits bourgeois et scènes de genre sont remplacés par ces têtes-masques dont la présence est plus physique que théorique. La qualité particulière de cette technique, tout comme celle des sous-verres et des autres formes de l’artiste souligne fortement la fragilité de la représentation.
Alexandre Suberville ( né en 1974, vit et travaille à Annecy) voue au portrait presque l’essentiel de son attention. A partir d’une prise de vue, d’un portrait issu d’une coupure de presse, d’un modèle vivant, il couche au pinceau sur une planche d’aggloméré, les traits d’homme et de femmes.Il attaque ensuite la surface, détache une couche, entaille et sculpte un épiderme de bois. La ressemblance est un plus, en aucun cas une nécessité pour ne pas devenir une contrainte car ces têtes puissantes sont avant tout l’expression d’une somme d’énergie, d’intuition et d’un savoir faire qui s’affirme dans le geste répété de l’artiste. Le format de ces portraits ( 140 x 100 cm) immerge le spectateur dans un univers franc et fort. On ressent le geste passionné, intense et énergique qui nous emmène avec lui dans cette confrontation originale avec nous-même et avec l’autre.
Vernissage en présence des artistes, samedi 7 octobre de 15 à 18 heures.